Mathias Marchal / Journal Métro :
Si la tendance se maintient, le Québec ratera de beaucoup ses cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES), selon un nouveau rapport de HEC Montréal.
D’ici 2030, le Québec doit réduire ses émissions de GES de 37,5%. Or, le quart des réductions obtenues jusqu’ici est dû à la fermeture de la raffinerie Shell à Montréal, note Pierre-Olivier Pineau, coauteur de l’État de l’énergie au Québec 2017, rendu public mercredi. «Si la tendance observée depuis 2010 se maintient, on ratera la cible de 30%. Les mesures mises de l’avant seront insuffisantes», ajoute-t-il.
Les causes sont multiples. Du côté des transports qui représentent 28% des besoins énergétiques du Québec et 40% des émissions de GES, le volume des marchandises ne cesse de croitre. «Il faut absolument développer le transport de marchandises par rail qui nécessite 10 fois moins d’énergie au kilomètre et avoir plus de camions qui roulent au gaz naturel», lance le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.
Du côté des autos, les Québécois achètent désormais plus de camions légers (VUS et camionnettes] que d’autos. Or ces derniers consomment 26% plus d’essence. «Les gouvernements devraient offrir des incitatifs à l’autopartage, rendre le stationnement plus problématique et taxer les gros véhicules», indique M. Pineau.
Quant à la Bourse du carbone, censée taxer la pollution des plus gros émetteurs, l’année n’a pas été aussi prolifique que prévu. «La moitié des droits d’émission n’a pas trouvé preneur, car le système californien est contesté devant les tribunaux», explique le chercheur.
Même si le Québec a récolté jusqu’ici 1,27G$, les sommes allant dans le Fonds vert sont peu dépensées pour des projets de transport en commun. «Pour chaque dollar venant du Fonds vert, la société de transport en commun doit verser un autre dollar. Or, la plupart des sociétés de transports du Québec manquent de fonds pour investir», souligne M. Pineau.
Émissions de GES à Montréal: l’automobile toujours en cause
Montréal a tout de même réduit ses émissions de GES de 25 % entre 1990 et 2013
Jeanne Corriveau / Le Devoir :
(…) Malgré tout, Montréal fait meilleure figure que le Québec qui, pour la même période, a mesuré une hausse de 25 % des émissions de GES issus du secteur des transports.
Globalement, avec une baisse de 25 % des émissions de GES depuis 1990, Montréal enregistre une meilleure performance que le Québec qui, pour la même période, n’a réussi qu’à diminuer de 8,6 % ses émissions, selon les données du ministère de l’Environnement rendues publiques en mars dernier.
Une raffinerie fermée
Les émissions provenant de sources fixes, qui regroupent les secteurs résidentiel, commercial, industriel et institutionnel, ont chuté de 38 %, un résultat que la Ville attribue à la réduction de la consommation de combustibles fossiles, à la diminution du niveau d’activité du secteur manufacturier et à la fermeture d’une raffinerie.
La baisse est encore plus importante pour les matières résiduelles puisque, pour ce secteur, les émissions de GES ont chuté de 77 %. Pour expliquer ce phénomène, la Ville a évoqué l’efficacité accrue de la captation des biogaz des sites d’enfouissement.
Quant aux émissions liées au domaine ferroviaire, elles ont bondi de 42 % de 1990 à 2013 et celles du secteur aérien ont crû de 25 %, alors que les émissions attribuables au secteur fluvial ont baissé de 37 %.